Le Grand Nord Canadien. Menaçant pour certains, attirant pour d’autres, mais fascinant et mystérieux pour tous. Vastes immensités, spacieuses étendues, où l’homme est confronté à des forces phénoménales et des décors dont seule la nature a le secret.
Bienvenue dans les Northwest Territories, à 500 kilomètres du cercle Arctique. Une densité de 0,03 habitant au km2, dans cette province coincée entre le Yukon à l’ouest, le Nunavut à l’est, la Colombie-Britannique, l’Alberta et la Saskatchewan au sud. Ce territoire accueille les voyageurs en proie à un désir de nature et d’isolement. Laissez-nous vous raconter ce séjour en plein hiver, une aventure au bout du monde qui laissera à jamais une trace dans vos esprits…
Le trajet pour se rendre dans les Northwest Territories est déjà un voyage en soi. On quitte d’abord Vancouver ou Calgary, l’effervescence d’une ville, pour survoler les Rocheuses canadiennes et le nord de la Colombie Britannique. L’immensité du pays se fait déjà ressentir. On aperçoit par le hublot les sommets enneigés et les chaines de montagnes, et parfois quelques pistes de ski et villes.
Bienvenue à Yellowknife !
Au bout d’une heure et demie de vol, les reliefs s’adoucissent et la neige recouvre désormais tout le sol, jusqu’à survoler d’immenses plaines glacées. Une ville apparaît, soudaine, sans aucunes prémices de civilisation l’annonçant. Ici pas d’immeubles, et une seule route d’accès construite en 1960; jusque-là, la ville était uniquement accessible en avion ou par une route de glace durant l’hiver sur le lac. Mais surtout, l’immense, le remarquable et majestueux Great Slave Lake, au bord duquel est posée la ville. Neuvième plus grand lac du monde, celui-ci s’avère aussi être l’étendue d’eau la plus profonde d’Amérique du Nord avec ses 614 mètres.
Le mot est donné : ici, la nature est maîtresse, l’homme face à elle est humble. Les Dénés, Premières Nations de la province, ont vu dans ce lac et ses abords une ressource immense : pêche l’été, et exploitation des mines de diamants. Yellowknife n’a pas échappé à la ruée vers l’or ! C’est ainsi qu’une vie, une société se sont construites dans cet environnement pourtant si hostile. Des familles et des maisons se sont bâties, des métiers se sont développés. Une réalité qui semble bien loin de la vie citadine qu’on connaît !
En posant un pied sur le tarmac du petit aéroport de la ville, c’est une température moyenne de -28 degrés qui nous accueille. Revigorant ! Pourtant, la curiosité pousse à la balade, pour le moins surprenante. Entre une microbrasserie branchée et une galerie d’art autochtone, les maisons modernes et cabanes de pionniers de la Old Town toujours habitées, la population est accueillante et bienveillante. Réchauffer les cœurs pour contrer le froid, cela pourrait être la devise de la ville !
Yellowknife compose entre authenticité, savoir ancestral, et désir d’innover. Par exemple, elle accueille depuis 23 ans le Snowking Festival au mois de mars : un paradis hivernal est créé dans la baie de Yellowknife, où les volontaires bravent la température sur deux mois pour construire un immense château fait entièrement de neige et de glace. Des événements y sont présents chaque jour, des pièces de théâtre en passant par les concerts et les DJ. Bref, une volonté de faire bouger une ville qui semble prise dans la glace et les températures négatives durant 8 mois de l’année…
Pourtant, le désir d’isolation et d’aventure n’est pas tout à fait comblé…
Que diriez-vous de prendre un avion de brousse pour vous rendre à 100 kilomètres au nord-est de Yellowknife ? De survoler des milliers de lacs gelés, entrecoupés de sapins et d’avoir le sentiment de vous diriger vers l’inconnu le plus total que même votre esprit ne devinerait pas ? Imaginez passer plusieurs jours sans voir un bout de bitume, une voiture, un feu de signalisation, un immeuble. Que diriez-vous …? Vous diriez oui. Parce que ce serait dire oui à l’expérience la plus dépaysante et intense de votre vie.
Imaginez donc… Prendre ce bush plane de 15 places. Voler dans ce coucou sans chauffage aux hublots gelés. L’avion se pose sur le lac glacé devant une bâtisse : bienvenue au lodge. Vous mettez un pied au sol. À perte de vue, du blanc et du vert. Le ressenti -40 vous pique les joues, mais vous êtes bien couverts.
Au bureau du lodge à Yellowknife, on vous a équipé de la tête aux pieds pour le grand froid. Ébahis, vous clignez des yeux de vos cils qui ont gelés instantanément. Peu importe, ça vous donne l’air de sortir tout droit d’un conte de Perrault. Malgré ce froid, l’accueil est chaleureux : toute l’équipe vous attend à la sortie de l’avion. Celui-ci repart, ses skis patinent et son hélice brise l’air sec et gelé. Le seul élément qui vous reliait à la civilisation disparaît dans un bruit de moteur.
Vous prenez alors conscience du silence qui vous entoure. Une promesse : vous n’avez jamais connu tel silence auparavant. Pas un fond sonore animal, pas un bruit de ligne électrique, pas de lointain brouhaha. Juste le silence, profond, enveloppant. Vous sentez déjà que ces quelques jours vont être ressourçant et forts en émotions ! Heureusement, vous êtes bien entourés. Un espace de jeu immense vous attend.
La visite du lodge commence, et le chalet en bois rond vous fait doucement sourire : la fameuse cabane canadienne… Il y fait chaud, le feu crépite, ça sent bon le poêle à bois. Ici comme dans les cabines, aucun chauffage électrique. Les volontaires coupent du bois tous les jours (vous en croiserez même avec la barbe et chemise à carreaux !) et laissent les bûches dans les cabines ou dans le bâtiment principal. Il y a aussi de grandes tables pour partager les repas, et des canapés, qui invitent à la relaxation, une tasse de thé fumante à la main, un scone fait maison par le chef et un livre sur les herbes boréales sur les genoux. Ici, vous passerez des journées intenses. Et pourtant, vous prendrez le temps de vous ressourcer, de vous retrouver.
Vous commencez la matinée par un petit-déjeuner copieux que le chef a concocté pour vous. Rien de mieux que son pain maison ou ses ‘’glory morning muffins’’ pour affronter le froid. Suite à ça, vous avez le choix entre plusieurs activités. Commencez par exemple par une balade de plusieurs kilomètres dans la forêt à la recherche des traces de lynx, ou pour récolter la sève des ‘’spruce trees’’, ces petits sapins, pour en concocter une crème réparatrice pour la peau, suivant une recette des Dénés.
Pour se remettre du froid et reprendre des forces, un déjeuner digne de ce nom vous attend. La bonne humeur du chef vous nourrirait à elle seule ! Suite à ça et si le cœur vous en dit, vous pouvez faire un tour de lac en ski de fond, un balade en raquette, découvrir la pêche sous glace, apprendre à construire un igloo, ou partir en motoneige suivre les chemins de portage utilisés l’été par les Dénés pour la pêche.
Si vous êtes plutôt d’humeur à rester au chaud, les volontaires seront ravis de vous apprendre à faire des attrapes-rêves avec des branchages d’ici, ou à vous enseigner toutes les techniques de la photo pour capturer les fameuses aurores boréales. Et avant le dîner, que pensez-vous d’un passage par le jacuzzi ? Attention, les volontaires vous préviennent toujours qu’il ne faut pas y utiliser de verres qui ne sont pas en plastique… Au risque de vous retrouver les lèvres collées au récipient ! Quelle chose étonnante que de plonger dans une eau à 40 degrés alors qu’il fait 80 degrés de moins à l’extérieur…
Une profusion de magie : les aurores boréales
Si votre âme aventurière est de sortie, vous pouvez plutôt faire un tour au sauna, puis vous rouler dans la neige, comme la tradition nordique l’oblige. Coup de fouet garanti ! Après le dîner vous pensiez que votre journée déjà riche en émerveillement s’achèverait comme ça ? Mais c’est sans compter les mystères de l’univers… Principalement ce pour quoi vous êtes venus là, un phénomène qui fait rêver bon nombre de gens, et auquel vous allez assister dans l’un des endroits les plus propices sur terre : les mythiques aurores boréales.
(Pour un voyage au coeur de la magie des aurores boréales, consultez notre programme Aurores Boréales du Grand Nord)
Une zone située au cœur de l’ovale boréal, sans aucune pollution lumineuse à l’horizon, un ciel d’une pureté infinie. Ici, une profusion de ces cadeaux célestes vous attend… La nuit tombée, vous ne voyez d’abord qu’une traînée grise ou verdâtre au milieu des étoiles. Vous n’y faites probablement pas attention, pensant que ce sont des nuages. Les aurores sont d’abord timides, joueuses et farouches.
Mais d’un coup, elles s’épanouissent, pour recouvrir le ciel d’un vert presque fluorescent. Mais peut-être plus impressionnant que les couleurs : les aurores dansent. Ce qu’aucune photo ne pourra montrer, c’est ce mouvement, comme un tissu qui se meut lentement ou plus vite, ce ballet qu’elles nous offrent quelques minutes ou –pour les plus chanceux- quelques heures.
Terrifiant vortex ou hypnotisant mouvement infini, vous ne pouvez pas être indifférent à tant de beauté et de mystère au-dessus de votre tête. Et le spectacle ne serait rien sans ce silence, que personne n’ose troubler. Peut-être que d’un coup, vous serez surpris par un grondement, comme un coup de tonnerre, sous vos pieds. Une vibration qui vous fait bondir le cœur. Il s’agit de la glace du lac qui craque sous vos pieds. Pas d’inquiétudes, l’épaisseur de celle-ci vous soutient. Vous pouvez de nouveau porter toute votre attention sur le ciel flamboyant…
Les aurores vous accompagnent jusque dans vos rêves et le lendemain vous n’êtes pas si sûrs de les avoir vu tellement elles vous ont semblé irréelles. Heureusement, les photos capturées la veille sauront vous les rappeler. Après quelques jours intenses, il est temps de quitter Yellowknife, ce lieu si singulier. Le cœur est lourd de tristesse, mais rempli de magnificence.
Un sentiment d’avoir fait partie de cette belle aventure, d’être privilégié d’avoir vécu ces moments si précieux que seul le Grand Nord peut offrir. Malgré ce voyage à des milliers de kilomètres de chez soi, on a pourtant le sentiment de s’être trouvé.
Si vous êtes inspirés par une telle expérience, découvrez de suite nos voyages dans le Grand Nord Canadien !
Léonore RIZZO